Jeté sur la rivière Kiriho, à la limite de la localité de Kasingiri et d’Isangya, ce pont va permettre non seulement l’évacuation des vivres de la chefferie de Batangi vers des grands centres de consommation, mais aussi c’est une déviation pour des voyageurs de Goma-Butembo lors de mauvais état de la RN2. 

Il faut quitter Beni et se diriger sur la route menant vers Goma. Arrivé à Alimbongo, à environs 200 km au sud de Beni, dans le territoire de Lubero, prenez la direction de l’Ouest. Après 6 Km de voyage aisé sur une route bien travaillée, vous rencontrez la rivière Kiriho. Ici, un pont à biai en béton armé est en pleine construction. C’est un ouvrage d’environ 10 m de portée  et de 5 m de largeur est construit par l’ONG PAP-RDC (Programme d’appui au développement des populations forestières en RD. Congo, y compris les Pygmées), avec l’appui de Diakonie Katstrophenhilfe et financé par BMZ (Ministère fédéral de la coopération économique et du développement).

Ce pont est d’importance capitale dans la région car il va relier plusieurs entités de la chefferie de Batangi à celles de la chefferie de Bamate et même à la rue principale et donc à d’autres grands centres de consommation. La zone a était il y a quelques années victimes des affrontements des différents hommes en armes suivi des pillages des biens de la population. Plusieurs ménages ont dû fuir la région. Aujourd’hui, devenue un véritable havre de paix et avec des retours de la population dans le coin, la construction de ce pont est vite saluée. « Nous produisons des légumes, choux, pommes de terre, maïs, ails, poireaux, oignons,… Quand nous amenons nous même nos vivres dans des marchés, nous négocions les prix en état de faiblesse car nous sommes pressés de rentrer au village. Avec cette route les acheteurs vont commencer à nous suivre dans village », se réjouit Madekenye, chef de la localité de Kasingiri, une localité qui a une de ses limites au niveau de ce pont. Pour un chef terrien, Monsieur kihuka, la construction de ce pont en biais en béton armé va aussi limiter des conflits avec des terriens qui s’opposaient à la coupe de bois qui servaient de pont. 

Si ce pont est important pour évacuer des vivres dans les localités de Bingi, Kasingiri, Muhanga et ailleurs, il est aussi une déviation des voyageurs qui fréquentent l’axe routier Butembo-Goma. « Quand cette est route est délabrée au niveau de Timbo-timbo (un endroit bien connu car en forme de zigzag) par exemple, nous voyons des voitures, muni-bus et même des véhicules Fuso emprunter cette déviation à partir de Kasehe en passant par Kasingiri pour ressortir à Alimbongo avant de repartir sur la route principale, la RN2 », explique un habitant du coin, venu contempler cet ouvrage en pleine construction.

Une vingtaine d’agents y sont affectés. Qui pour la maçonnerie, qui d’autres pour la menuiserie et le coffrage, qui d’autres encore pour la ferraille. Des ambitions sont aussi légion pour ces agents affectés aux travaux de ce pont. C’est le cas de Muhindo Jean Paul. Ce menuisier, père d’un ménage de 5 enfants dont une fille, compte acheter des outils de travail et avoir un atelier de menuiserie moderne.